Mes premiers tissus

Mes premiers tissus

Ce que personne n’osera te dire…

Maintenant que tu as trouvé ta première machine à coudre (voir l’article de blogue Ma première machine à coudre), tu te mets à la recherche de tissus pour confectionner tes premiers projets. Tu regardes sur le web, tu trouves le magasin de tissus le plus proche et tu te lances à corps perdu dans ta première aventure d’achat de tissu. Dans les allées du magasin, tu t’extasie sur l’abondance de beaux tissus sans te douter de ce qui t’attend au détour…

Tu ressors du magasin une bonne heure et demie plus tard avec un gros sac sous le bras et une centaine de dollars en moins dans ton compte en banque. Tu es encore sur un nuage, le cœur battant, rien n’est impossible, tu peux tout coudre! Tu as du tissu pour pas un, mais pour tes dix premiers projets! Une jupe, un pantalon, un sac fourre-tout, une cape, que dis-je une cape, un veston, rien de moins!

Sur le chemin du retour, l’adrénaline retombe lentement mais sûrement. Il faut maintenant s’attaquer à découper le patron. Ouf, ça a l’air compliqué! Pour le moment, tu ranges tes nouveaux tissus dans un bac dans le fond de ton garde-robe. «J’utiliserai ce tissu plus tard, quand j’aurai plus de temps», te dis-tu. Et, à la première occasion, tu retournes acheter d’autres tissu, ton bac se remplit et tu achètes plus de bacs pour contenir l’avalanche de tes «wannabe» projets. Un jour, tu as la réflexion suivante : «Je n’aurai jamais assez d’heures dans ma vie pour coudre tout mon inventaire!». Avant que tu ne te reconnaisses un peu trop et que tu arrêtes ta lecture, laisse-moi te dire comment j’ai réussi à créer plus et à acheter moins.

 

Fais le grand ménage

Je vais parfois (le moins souvent possible!) chercher des tissus chez des anciens passionnés de couture. Maintenant que j’utilise des jeans, t-shirt, draps, rideaux (et j’en passe!) pour mes cours, il est rare que je m’attache émotionnellement à ceux-ci. Une paire de jeans reste une paire de jeans. Je suis donc toujours un peu surprise lorsque la personne qui me donne des tissus semble avoir de la difficulté à s’en départir. J’ai déjà eu cet attachement envers des tissus que je dépliais et repliais encore et encore dans un nouveau bac, année après année, jusqu’à en avoir oublié l’inspiration qui avait valu cet achat. Maintenant, ma perception est toute autre. C’est mon côté minimaliste qui parle ici : il faut laisser aller les tissus pour leur donner la chance d’être cousu. En changeant de propriétaire, il va peut-être enfin vivre sa vie de tissu!

 

Le retour du balancier

D’un extrême à un autre, tu magasines maintenant tes matières textiles dans les friperies. Tu aimes beaucoup l’idée de donner une 2e vie aux tissus en les détournant des sites d’enfouissement. Un drap par-ci, une paire de jeans par-là! Ce n’est pas cher, alors pourquoi pas? Un ami, une tante, ta voisine, tu dis oui à tous les restants de tissu et à tous les «peut-être que tu pourrais recycler ça?». Tu es de retour à la case départ : un garde-robe rempli de bacs pleins à craquer. Et la création dans tout cela? Tu te souviens encore une fois que tu vas devoir vivre 300 ans pour être en mesure de coudre tout cet inventaire!

 

La lumière au bout du tunnel

Je me souviens de penser qu’il fallait que je «sauve» tous les tissus qui croisaient mon chemin. J’ai créé des sacs multicolores, des chandails extravagants, des cadeaux très originaux, des costumes d’un autre monde. J’ai beaucoup aimé expérimenter et jouer avec les matières, les couleurs et les textures. Sauf que, une fois la création terminée, je ne savais plus quoi faire de mes «chefs d’œuvre»! Avec le temps, j’ai appris à sélectionner des couleurs un peu plus neutres (blanc, beige, bleu marin, noir, bleu jeans, etc...) et de choisir avec parcimonie les motifs et les couleurs. Tu es peut-être à tes débuts encore et tu as tout à fait le droit d’être dans l’exploration et de vouloir «coudre ta vie»! Souviens-toi qu’une création surcyclée qui traverse le temps et les modes est une création surcyclée réussie.

 

J’ai besoin de «vrai» tissu!

Pour fabriquer un vêtement, à moins que ce soit un vêtement de petite taille ou pour un enfant, parfois il faut du vrai métrage de tissu. J’ai trouvé une toute nouvelle initiative à Montréal qui permet de donner une 2e vie à des fins de rouleaux ou restants de tissus : il s’agit de l’Atelier Adopt Fabric. La réalité est que les compagnies de mode ne peuvent rien faire avec des restants de tissus lorsque la collection est terminée. Par exemple, dans le cadre des activités parascolaires Le bac rose à l’hiver 2022, j’ai récupéré du métrage de tissu ponte di roma (un tissu épais et élastique de super bonne qualité!) pour réaliser avec mes étudiants des pantalons de type leggings propres. C’est environ 30 mètres de tissu que nous avons revalorisé avec ce projet.

 

Je vais quand même au magasin de tissus

Quand j’ai besoin d’un élastique spécial ou d’un entoilage particulier pour un projet, il m’arrive encore d’aller dans les magasins de tissus. J’ai appris à contrôler le désir d’acheter un peu de ce tissu-là car il est en rabais, un tout petit peu de celui-ci car le motif est trop mignon, mais juste un petit peu de celui-là je le cherchais la dernière fois!

Voici ma façon de procéder pour éviter de faire une rechute :

  1. La liste! Je me fais toujours une liste de ce que je veux acheter avec les quantités précises pour mon projet.
  2. Sois paresseux/paresseuse! Limite-toi à une visite au magasin maximum tous les mois ou trois mois. J’ai toujours une liste en cours sur laquelle j’ajoute mes articles à acheter. Souvent, lorsque je suis rendue à finalement aller au magasin, je ne sais même plus pourquoi je devais l’acheter! Une chose de moins sur la liste!
  3. Les œillères! Je ne flâne pas dans le magasin, je vais sans détour chercher les articles sur ma liste. Et surtout je ne m’attarde pas aux pancartes «Soldes».
  4. Encore la liste! Je n’achète pas de façon spontanée : «et si j’en avais besoin. Non! Vite, direction la caisse!

Je te le dis maintenant en clair : acheter du tissu, ça peut créer une dépendance! J’étais tellement contente de trouver LE petit tissu trop beau ou LA jupe à motifs parfaite usagée pour mon projet XYZ! Mais je me sentais tellement coupable de ne pas utiliser mes beaux tissus. Tu achètes, tu couds. Tu ne couds pas, tu n’achètes pas. Un point c’est tout!

Donc, pour revenir à toi, le débutant qui recherche des tissus pour commencer à coudre, ne cherche pas trop loin! Ou demande à un/une ami(e) couturière de te montrer ses tissus…

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